NOTRE ENQUÊTE :

Je viens aujourd’hui vous faire la synthèse d’une enquête que nous avons menés sur le terrain à propos des traitements contre les insectes.

Cette enquête a pour origine les nombreux arrêts constatés depuis le printemps sur les chargements et ce malgré bien souvent le présence de traitement.

Nous avons chargé nos inspecteurs de nous remonter les informations terrain sur le sujet de la désinsectisation. Ainsi pendant plus d’un mois et demi nous avons récolté des informations des sites de chargement( plus de 110 pendant la période) et sur de nombreuses zones géographiques

Notre étude :
  1. Les traitements préventifs réalisés avec le K-obiol sont très souvent dosés sur la base de 4litres par 100 t. Ce dosage était d’actualité du temps où les silos avaient pour recours en cas de présence d’insectes pendant les chargements un traitement choc complémentaire.
  2. Ce n’est plus le cas et le traitement préventif désormais est de 6 litres par 100t et de 8.4 litres par 100 t pour du curatif. ( CF plus bas le courrier reçu de la société LODI). Ceci peut déjà expliquer en partie pourquoi on retrouve des insectes vivants pendant les chargements malgré ces traitements préventifs.
  3. Un second élément non négligeable est celui des matériels utilisés pour les traitements. Nous avons constaté de nombreux cas de pompes préconisées pour des produits avec des dosages à l’heure et utilisées pour un dosage à 100t avec des aménagements plus ou moins douteux, en tous cas ne permettant d’assurer l’efficacité du dosage. La nébulisation du produit n’est pas toujours bien répartie et l’efficacité du traitement malgré le bon dosage est aléatoire.
  4. Alors que les règles HACCP recommandent la surveillance une fois par an de la propreté et du débit réel des pompes, dans les faits nous n’avons pas vu de preuve de contrôle.
  5. Nous continuons de constater que la compétence du personnel de silo s’est nettement améliorée et que ce sujet n’est pas la cause réelle. Le personnel est débordé et ne parvient pas toujours à répondre aux obligations.

Vous trouverez ci après en annexe 1, le courrier de réponse de Philippe Rozel, directeur commercial de la société LODI et en annexe 2, le mail du syndicat de Paris qui se charge de nous convier à des réunions de travail sur le sujet.

Cyrille Guerin


ANNEXE 1 : courrier de réponse de la société Lodi

Bjr, Cyrille,

Merci pour cette alerte.

En effet, je suis étonné d’apprendre que sur le terrain, on retrouve encore des dosages utilisés à 4.2 L/100 T pour le K OBIOL ULV6 malgré les nombreuses réunions techniques et commerciales effectuées depuis plusieurs années par l’équipe commerciale.

Certes cette demie dose a été proposée il y a environ 20 ans pour des stockages de durée moyenne jusqu’à la disparition du DDVP, avec à l’époque les recommandations suivantes :

– Traitement préventif à réception de la récolte du champ aux silos (sachant qu’il n’y a pas d’insectes ravageurs du grain dans le champs, uniquement dans les unités de stockage)

  • De ce fait ce traitement préventif avait pour vertu l’enrobage du grain dès réception, d’assurer ainsi une protection vis-à-vis des insectes adultes présents dans les cellules. D’autant qu’à cette période de l’année, le grain est chaud et les cycles des insectes dits primaires ( une phase cachée à l’intérieur du grain au détriment de celui-ci) tels que les charançons, Rhizopertha sont courts et rapides avec les températures élevées.
  • A cette époque, il existait des insecticides choc avec un effet kill très rapide de type Dichlorvos ou DDVP. Depuis la disparition de cette substance, il n’y a plus de solution rapide et efficace en peu de temps à l’expédition.
  • C’est ainsi qu’il a été conseillé par la Sté LODI auprès des responsables d’exploitation et Qualité de préconiser à minima la dose de 6.0 L/100 T pour des durées de stockage de qlq mois et ce depuis environ 2006, afin de permettre une meilleure protection insecticide.
  • – Ces traitements préventifs à minima de 6.0 L/100 T à réception des céréales des champs à la moisson permettent d’assurer un stockage dans de bonnes conditions, dès lors que le contenant, c’est-à-dire les cellules de stockage (à plat ou vertical) ont été préalablement nettoyées et ont une désinsectisation de surface préventive.(cf études Quasaprove et Arvalis)
  • Une demande a été formulée auprès de Bayer afin de supprimer la 1Ž2 dose de 4.2 L/100T pour éviter les confusions)

– Ces notions de traitements préventifs chez les OS sont d’autant plus importants à appréhender et à comprendre :

  • En effet compte tenu du cycle de développement des insectes, avec un traitement préventif réalisé à 6.0 L/100 T, il y a moins de risque de voir le grain contaminé.
  • Par contre un grain récolté en juillet et aussitôt stocké pour de longues semaines sans traitement préventif a toutes les chances d’être infesté au bout de qlq semaines

Dès lors, œufs et larves se développent à l’intérieur du grain et tout traitement insecticide à postériori ne sera efficace que sur les formes libres dans la masse du grain mais sans efficacité pour les formes cachées, et surtout avec le risque majeur d’avoir des émergences échelonnées dans le temps d’autant plus préjudiciables qu’elles seront détectées par les agréeurs.

En effet il faut autour de 2 à 3 jours à un insecte émergent pour être éliminé, délai nécessaire pour qu’il s’imprègne les ailes, le corps, les pattes avec l’insecticide nébulisé à la surface des grains dans la masse du stockage.

– La dose réglementaire de 8.4 L/100 T est conseillée pour des stockages longs , 12 mois et plus et pour des stockages difficiles (stockages à plat)

  • La meilleure efficacité s’obtiendra avec une application à réception de la céréale au moment de la moisson, soit 0.5 ppm apportée en Deltaméthrine. La LMR est de 1 ppm sur blé et riz et 2 ppm sur autres céréales.
  • La hausse des températures, avérée et vérifiée actuellement, plaide pour des traitements corrects et soignés, afin d’être efficaces et d’éviter l’apparition de résistance par des dosages faibles volontaires ou non (exemple : une manutention de 300 T/h nécessite de traiter à minima à 18 L/h ou à 25.2 L/h à dose homologuée. Il convient de vérifier que la pompe ait la plage de débit adaptée à la manutention)

Vous en souhaitant bonne réception et restant à votre disposition pour de plus amples renseignements.

Cordialement,

Philippe ROZELLE

Directeur Commercial

Branche Protection des Denrées Stockées


ANNEXE 2 : mail du syndicat de PARISINCOGRAIN

Madame, Monsieur, Cher adhérent,

Nous vous informons que la Chambre Syndicale a pris la décision d’ouvrir :

· les groupes de réflexion suivants qui se différencieront des Groupes de travail dans la mesure où il est encore trop tôt pour présager si les solutions éventuelles apportées pourront s’appliquer aux contrats Incograin, addenda, guides de bonnes pratiques ou autres :

  1. Détermination de la présence d’insectes
  2. Problématiques contrats fluviaux – « Hautes et basses eaux » à Après rencontre avec des Syndicats partenaires
  3. Problématiques des substances indésirables
  4. Problématiques des allergènes – Addenda à destination de l’alimentation humaine

Les dates de ces différents groupes ne sont pas encore définies et seront renseignées au fur et à mesure dans le calendrier qui sera très prochainement consultable sur notre site www.incograin.com dans l’onglet « Groupes de travail ». Sont également consultables dans cet onglet les règles de fonctionnement des groupes de travail de révision des INCOGRAINS.

Restant à votre disposition pour tout renseignement complémentaire,

Bien cordialement

Edward de Saint-Denis

Président

SYNDICAT DE PARIS

DU COMMERCE ET DES INDUSTRIES DES GRAINS